Yo !


"On ne s'entraîne pas pour Paris Brest Paris, on s'y prépare..." Zapilon : un vétéran de PBP (6 participations)


Préparer Paris Brest Paris, c'est, pour moi, préserver au maximum mon état de fraîcheur physique et psychologique tout en conditionnant mon corps à affronter 4 jours d'efforts sur 1250 kms. C'est donc réserver, pour la plus grande partie, mes sorties de vélo de route à l'essentiel : les longues distances et l'aventure. Et traiter l'ordinaire de la préparation physique par des activités que l'on a souvent qualifiées, dans la chapelle cycliste, de "non-compatible"... Bref, vous aurez compris, que fidèle à moi-même, "je cultive ma différence"...


Retrouvez moi sur mon profil Facebook dédié à cette aventure à l'adresse suivante : NericDeric Parisbrestparis

Rencards Mensuels 2010

A la fin de chaque mois, je me fixerai un objectif à accomplir dans l'activité dominante parmi celles que j'ai pu accomplir pendant les 30 derniers jours. Cela me sert à donner du sens à mes pratiques donc à me motiver durant la préparation. Et aussi à valider les étapes de cette dernière.


Janvier 2010
Trail de 15 kms.



Pour ce mois-ci, j'ai choisi le Run comme cible privilégiée. J'ai donc réfléchi à un circuit à accomplir dans le bois, sur les hauteurs de Gesvres. Je l'ai tracé grâce à Google earth pour pouvoir le télécharger sur mon GPS de sport afin de ne pas perdre de temps à chercher mon chemin. Je me suis vite heurté à ma méconnaissance des lieux car je n'ai que peu de sentiers reconnus dans ma besace (Cela ouvre plein de perspectives de repérage à pied en se promenant, hein mon Lilou !). Je me suis donc servi des larges chemins qui quadrillent la forêt et j'en ressors un circuit d'un peu plus de 13 kms. Je suis un peu déçu d'être en dessous de 15 bornes car j'ai décidé, au cours de ces rendez-vous mensuels, de relever des "défis" personnels et m'atteler, en l'occurence, à des distances largement supérieures à celles que j'ai l'habitude de pratiquer. Et ceci pour m'accoutumer à me lancer dans l'inconnu sans trop de stress et me faire confiance. Jusqu'ici, j'avais pour gimmick de répéter avant les distances pour être rassuré le jour-J. J'ai donc décidé de doubler le kilométrage pour mon Trail...
Dimanche 31 janvier, grand soleil et un bon -2°. Le sol est gelé, je pense tout de suite à mes jambes et au risque de me blesser à force de foulées moins amorties. Je ne regrette pas de m'être fait des straps de fortune avec du sparadrap au-dessus des tendons d'achille pour tenter de prévenir cette blessure idiote de l'année passée ! J'entends une chasse en cours, les tirs, les chiens, les cornes... Je me fais ma petite séance photo perso avant de partir, ce qui me permet de m'échauffer.
J'ai mes trois couches de vêtements car il fait en dessous de zéro. Le Run est la seule activité que je peux pratiquer à cette température, car vu la faible vitesse de déplacement comparée à l'énérgie dépensée, je transpire très vite. Je décale donc mon habillement de 5°... (Pour comprendre, il faudra vous reporter au message intitulé "Mes trucs". Je ne l'ai pas encore écrit mais ça vient...).
J'ai mis de l'hydrixir (poudre à boire d'Overstim's) dans mon Camelback, histoire de me rappeler que ce n'est pas un jour ordinaire (virée la menthe à l'eau !).
Je pars et au bout de 30 secondes, je m'aperçois que je n'ai pas bien serré mes godasses. Je m'arrête et refixe correctement le tout pour éviter que mes pieds ne s'allument... Je les ai enduit d'une crème qui protège des échauffements mais j'ai les petons fragiles et peu habitués à ce genre d'exercice.
J'ai du mal à me concentrer et je ne rentre vraiment dedans qu'au bout de cinq bornes. Mon cardio a déconné, j'ai oublié de mettre en route l'enregistrement du GPS qui me sert de podomètre, bref ça merde un peu, le temps d'évacuer le stress de la nouveauté...
Je rencontre souvent des chasseurs embusqués qui me regardent passer. Je m'installe dans le rythme, le mal de jambe du début s'en est allé, je me sens bien, je surveille mes pulsations dès que ça monte pour éviter d'aller au-delà des 150. Je m'hydrate toutes les cinq minutes sans problème d'oubli, bref tout va pour le mieux. Je prends le temps de m'arrêter à mi-parcours pour un besoin naturel et je repars pour une deuxième partie plus accidentée à l'image d'un raidard de 200 m que je finis en marchant pour ne pas m'exploser le coeur.
Je boucle mes 13 bornes en 1h31mn à 8,77 km/h de moyenne. Mes pulsations n'ont pas été plus haut que 162 bpm pour une moyenne de 136. J'ai vraiment pris du plaisir à ce trail que je finis bien vif, avec la sensation de pouvoir faire plus long...
Deux jours plus tard, la récupération a été plus difficile que ne le laissait croire la séance. J'ai subi des courbatures, Lundi soir j'ai eu sommeil de bonne heure, bref le mardi de repos n'était pas superflu... Je m'aperçois aussi que j'ai du bien stresser car j'ai mes syndrômes de vertige qui se sont pointés...
Au bilan, je suis heureux d'avoir pu courir 1h30 sans dégâts importants, le début de ma prépa se passe bien... A refaire à l'identique en 2011 !


2010
VTT XC de 50 kms


Samedi 6 mars, je grimpe sur mon VTT de XC pour boucler le mois de février ??? Pour ceux qui s'interrogent sur cette date, veuillez, s'il vous plait, vous reporter au chapitre précédent. Comme pour le mois d'avant, je me suis concocté une mixture qui sort de l'ordinaire, du malto associé à de l'hydrixir (produits overstim's), histoire de marquer la journée. J'aurai du aussi faire de même avec l'alimentation solide, bourricot que je suis... Parti à 12h45, avec un ptit dej' dans le corps pris à 8h, plus deux tartines à la confiture au moment d'enfourcher ma monture de fer, j'ai l'air fin, trois heures plus tard, l'estomac dans les talons après avoir dévoré ma barre de céréales. Erreur, mon gars, grosse erreur de débutant... Du grand n'importe-nawac ! Je ne sais pas pourquoi je suis parti comme ça, la fleur au fusil, je devais être heureux d'être content comme un benêt de partir à l'assaut de cette rando. Comme je l'ai précisé dans ma présentation de ce petit vélo, le confort n'est pas sa qualité primordiale et 50 bornes de VTT dans ces conditions, c'est un beau challenge... Je pars, souple et tranquille, je connais les 15 premiers kilomètres qui sont communs avec ceux de ma rando de 28 kms. Ca va assez vite, 10 kms en 35 mn, point où je photographie ce petit pont sur ruisseau enragé. Après cela se corse fortement... Ce circuit me conduit sur la corniche de pail avant de me ramener sur Gesvres, et ce quasiment exclusivement sur des petits chemins magnifiques mais très escarpés, à l'enchainement sans fin, sans portions routières. Très vite, je m'aperçois que celles-ci vont me manquer cruellement. Ce parcours est digne d'un enduro bien salé, il me fait donc souffrir sur mon décath', peu aidant une nouvelle fois. Ca tabasse, ma moyenne chute complètement mais je reste sur le circuit initial, d'une part pour éviter de me paumer et d'allonger au lieu de raccourcir et d'autre part parce que j'ai décidé que ces rendez-vous devaient donner un avant-goût des tourments possibles de PBP. Alors je serre les dents, puisant dans mon expérience de mes randos de l'an passé, économisant mes forces, profitant du circuit et de ses paysages dévoilés, d'une rencontre infortuite sur les hauteurs de Crennes sur Fraubée (il y a de jolis noms en Mayenne !) avec un alignement d'éoliennes, de la douceur du chemin issu d'une ancienne voie romaine qui me ramena à l'écurie sans me meurtrir davantage... Je boucle ce circuit de 50 kms en 3h42mn, finalement content. J'ai marqué sur mon carnet de bord pour résumer cette sortie : " Bon encaissement". A cette époque de l'année, faire ce genre de virée sur un tel vélo montre que ma condition physique est perchée sur un échelon satisfaisant. Il n'empêche que l'an prochain des échappatoires routières remplaceront ces bouts de chemins creux qui m'ont collé la misère, on en sera heureux, moi et mon bike qui est rentré avec les deux boudins percés d'épines et la vis de tige de selle pétée ! Et je prendrai ma revanche sur ce magnifique circuit au guidon de mon Zesty, j'ai repéré quelques jolies portions avec sauts de chats... Y a pas à dire, le deuxième mois de ma préparation est validé, avec mention bien Mesdames et Messieurs !





Mars 2010

Route BRM 200 Kms


Putain, les bidons.... !!!

Dimanche 28 mars, je me lève très tôt, à 4h15. Le réveil est facile malgré le changement d'heure. Je fais mes assouplissement et mes tests de forme qui sont très bons, les meilleurs depuis le début de l'année. Tout est prêt, le vélo, équipé pour la nuit de loupiotes, est dans la bagnole depuis la veille ; j'ai confectionné un cake salé pour lutter contre la saturation du sucré, préparé mes bidons et mes petites barres de céréales. Le tout m'attend dans le frigo... Je dégèle et coupe en petits morceaux mon gâteau sport d'Overstim's pour pouvoir le manger une heure avant mon départ sur le vélo. J'ai prévu une arrivée à 6h30 à Laval, le brevet devant débuter à 7h. J'emmène tout ça dans ma voiture, branche le GPS et roule tranquillement vers la cité lavalloise. Il pleuviote, la température est de 8°, je suis préparé à affronter un temps humide toute la journée. L'ambiance est cool, j'écoute du jazz sur la station "Musique"et je souris à l'idée que bien peu de mes collègues cyclos ont du préparer ce BRM en courant à pied et en faisant du VTT la semaine qui précède. A 6h pétante, j'entame la dégustation de mon gâteau-sport, j'en avale trois bouchées et boit un coup de flotte et... "PUTAIN, LES BIDONS..." J'ai oublié mes bidons dans mon frigo, le con !!! Et c'est impossible de m'en passer car ils ne contiennent pas seulement de l'eau mais une véritable alimentation liquide ! Demi-tour aussi sec, je m'aperçois très vite que je n'aurai pas le temps de revenir avant la fin de l'ouverture du contrôle de départ ou tout juste. Je prends la décision d'effectuer une sortie de 200 bornes à partir de chez moi, à Gesvres, histoire de ne pas perdre la journée ni mon mois de prépa. Mais quel con !!!!


Le temps de préparer des circuits sur google earth, je pars à 9h sous une pluie fine avec le vent dans le dos, direction l'est vers le début du perche. Forcément, je roule facile avec ce ventilo qui me pousse, oh légèrement. Je capte assez vite le rythme de PBP et je vire sous le vent au bout de 50 bornes avec 23,70 km/h de moyenne. Je suis content car, à mon rythme habituel, d'autant que la dénivelée est faible (330m), j'aurais tourné autour des 26 de moyenne. Et là, me vient à l'esprit que j'ai beaucoup plus appris en 80 kms après le contrôle de Villaines la Juhel pour rallier Fougères lors de Paris Brest 2007 que pendant tous les brevets qualificatifs . J'en suis persuadé, c'est ce rythme là qu'il faut tenir, 22/23 km à l'heure. A Vidai, je tourne donc et c'est parti pour plus de 100 bornes face au vent. Et là, ce n'est plus la même chanson, enfin c'est ce que je pensais. Finalement, ce rythme tranquille est assez aisé à maintenir contre Eole, et ce, sans trop puiser dans les réserves. Je remonte donc vers la mayenne, avec une moyenne qui baisse certes mais qui reste dans le créneau visé. Avec 113 kilomètres au compteur et 900 m de de dénivelée, je fais une pause d'une demi-heure à la maison où je consomme mes petits morceaux de cake salé prévus à cet effet. Je repars, toujours nez au vent vers l'ouest, et toujours sous des averses fréquentes de pluie fine. Je file par monts et par vaux, lequels mettent l'altimètre en pression en corsant ce parcours. Le BRM de laval prévoyait 1100 m de dénivelée, je blouclerai mon circuit avec 1900 m, ce qui n'est pas la même limonade mais c'est ce qui correspond à la réalité de PBP. A Ambrière les vallées, je me remets le ventilo dans le dos avec les mêmes sortes de collines à traverser, Le Ribay, Le Ham, ce n'est pas un plat pays...Voilà mes 200 bornes conclues en un peu plus de 9 heures à 22,30 km/h de moyenne, tout seul comme un grand. De toute façon, même à Laval, j'aurai roulé en solitaire, parce que cela correspond à mon envie première mais aussi parce que dans Paris Brest Paris, on est souvent seul dans les longues lignes droites...
Encore un mois de validé, j'avais une bonne caisse pour pouvoir terminer ce parcours malgré un cumul kilométrique avoisinant les 330 bornes. Comme quoi, rien ne sert de s'escrimer sur la route et d'emmagasiner des tonnes d'heures, sans un sens à donner à cette attitude sauf celle de l'habitude et de la tradition... Moi, je préfère diversifier !




Avril 2010
BRM 300 kms (Ernée)


"La vache, c'est dur..."


Dimanche 25 avril vient à peine de commencer que le réveil sonne. Minuit tapante. Gloups, debout là-dedans après trois courtes heures de sommeil. Mon Lilou a quand même l'oeil frais, elle qui a bien voulu m'assister sur la longueur de ce BRM de 300 bornes qui débute à 3h du mat. Les bidons ont, cette fois-ci, trouvé leur place dans la glacière et le voyage vers Ernée se passe bien malgré un retour express à la casa pour un oubli de licence et de permis (le mec est incorrigible, la check-list va devenir obligatoire...). Inscription, dernières touches amicales à ma bicyclette, des gros bisous sur la bouche de Lilou et me vlà parti dans la nuit noire et pas trop glacée, rivé à la dernière place du dernier paquet de cyclos embarqués sur la même galère. Très vite, la compagnie des Moustaches à gilet jaune fluo me pèse, y a Gérard qu'a perdu le Jean-Louis et qui vient voir derrière s'il n'est pas là puis je trouve ça dangereux de filocher dans le noir, la gamelle est trop présente à mon esprit et je n'ai pas envie de bousiller mon "Zèbre", fidèle destrier. Au bout de 20 bornes, une envie de pisser pressante me fait stopper sur la droite et me libère de cette lourde escorte. Me voici seulâbre, j'ai conscience que cela représente aussi un danger de percussion par l'arrière par une bagnole qui ne m'aurait pas vu, un type bourré, mais je n'ai pas le sentiment de tenter autant que cela le destin, bardé que je suis de loupiotes en tout genre et le Sarko-jersey flashe de mille feux. Et puis je n'oublie pas que je suis ici aussi dans un but de préparation et PBP se fera seul ou ne se fera pas ! Je piste un long serpentin rouge animé de lucioles phosphorescentes, je trouve ça beau... Je retrouve mon Lilou à Mortain au bout de 40 kilomètres qui me balance, inquiète et un brin désabusée : "Mais, t'es dernier !!!" Ca me fait rire, Lilou débute... Je sais que tout au long de la journée, je vais ramasser de la viande cuite et que cela anime la monotonie de la randonnée que de rattrapper des congénères... Nous testons la durée des arrêts, Lilou note. J'avais prévu 5mn, il s'avère que la vérité est plus proche des 10. A la suite de lectures attentives de récits d'expériences diverses de PBP, j'ai saucissonné le parcours en étapes de 90 kms (c'est la moyenne qui sépare deux contrôles sur PBP) avec un arrêt au milieu. Cela s'avère efficace, je m'étire, je me ravitaille, Lilou me fait gagner un temps précieux en me préparant mes bidons et en me tendant la petite besace orange où j'ai fourré un stock de barres... Vire, Condé sur Noireau, Putanges, Argentan, Carrouges, après avoir admiré une aurore avec le chant des oiseaux en bande-son, je traverse des contrées sans hésitation grâce à mon GPS, outil indispensable qui rapporte aussi quelques minutes salvatrices. Son autonomie de 6-7h doit être gérée, obligeant à recourir à la carte par moment pendant qu'il se recharge tranquillement sur l'allume-cigare de la voiture. Les sensations sont normales, ce n'est pas l'état de grâce mais j'avance au rythme parfait, autour des 23 km/h. Lilou me tient au courant du passage des premiers, qui enfilent les demi-heures d'avance, branchés eux sur une allure se situant aux alentours de 30 km/h. Je souris, cela me rappelle les qualifs de 2007, un temps révolu... Je scrute mon altimètre d'un oeil, le parcours est annoncé à 2500m de dénivelé... Au tiers du parcours, je prends conscience que cette information est erronnée, reste à savoir dans quelles proportions... En tout cas, on ne sort pas indemne de La Manche et des contreforts de la Suisse Normande et il faut s'élever aux alentours des 370m pour passer de l'autre côté du Mont des Avaloirs pour regagner Gesvres dont j'ai fait mon étape alimentation salée et solide au bout de 200 bornes. Encore une fois, Lilou m'a tout préparé et je profite pleinement de mon temps d'arrêt, une heure. Rassassié, rafraichi, nettoyé, changé, je repars pour le dernier tiers facilement. St Georges le Gaultier, Sillé le Guillaume, Evron, Montsûrs, les bosses s'accumulent et les 3000m de dénivelé sont allègrement dépassées. Dans les longues lignes droites allant vers Evron, je rattrappe deux acolytes un peu en perdition, qui se plaignent de la dureté du parcours. Je reste un peu avec eux, la conversation s'engage, j'ai couru avec l'un deux dans les années 80... Bon, je les largue dans les dernières côtes, je me sens pas si mal, bien rivé dans ce rythme qui me convient. A 19h10, je boucle l'affaire : 316 kms à 22,5 km/h de moyenne en 14h pile-poil, soit deux heures d'arrêt. Je trouve que mon Lilou et moi, on s'est débrouillé comme des chefs. Certes, le temps était clément mais si je finis fatigué, je suis loin d'être cramé, j'aurais pu encore enquiller des bornes. Avec 700 kilomètres au compteur, je me suis goinfré ce BRM très dur (3700m de dénivelé) assez aisément finalement. Le bien-fondé de ma préparation se confirme et les derniers doutes disparaissent : j'suis bien parti les gars !


Une petite vidéo du gars dans les contre-forts de la Suisse Normande, pas si faciles...




Thanks to honey Lilou




Mai 2010
BRM 400 kms (Changé)

"Gère, mon gars, gère..."

Samedi 29 mai, me vlà parti avec ma Fabienne (c'est ma bagnole, une Skoda Fabia que je surnomme ainsi...) pour rejoindre, dans la banlieue du Mans, la petite cité de Changé où j'ai rendez-vous pour un BRM de 400 kilomètres. Et là, les gars, on rentre dans une autre dimension. Si jusqu'au 300 l'on reste dans des proportions quasi "normales", le 400 fait rentrer dans l'ère des longues distances, une sorte de porte qu'il faut entrouvrir puis pousser pour pouvoir passer. Les gens, déjà, ouvrent de grands yeux lorsque l'on évoque un tel kilométrage et le parcours qu'il génère, l'énumération des villes traversées... Le corps, lui, rentre dans une sorte langueur, où tout est économie, repli... Il me vient à l'esprit l'image de Jacques Mayol et ses collègues apnéistes, qui se recroqvillent en eux-mêmes pour sonder les profondeurs, le coeur et le cerveau au ralenti. C'est un peu ça affronter une longue distance : tout modérer en traversant les contrées, se mettre dans un halot de brume. Si bien que les détails du voyage s'atténuent, restent en dedans pendant que la trajectoire s'affirme, que la distance s'effectue. Une sorte de rêve... c'est ce que je dis aux gens qui me demandent de raconter mon expérience.
Lorsque j'arrive au lieu de rendez-vous, je retrouve la bande d'acolytes avec lesquels j'ai effectué la campagne de qualifs de 2007 et son sergent en chef, Daniel. Lui sait que je ne veux plus suivre leurs rails mais ma propre voie. "T'es fou", m'a-t-il dit, "c'est trop dur tout seul..." J'en souris mais je suis persuadé, au vu de mon "expérience" détonnante de 2007 que la prépa de PBP passe par ces heures de solitude face aux éléments et à moi-même et ce, pour être prêt à toute éventualité au mois d'août 2011 et ne pas renoncer pour un grain de sable introduit dans la machine. "Une sorte de rêve..." avec quelques instants de réalité, dont ce départ que je trouve trop lent. Au bout de 10 bornes, je passe devant et m'en vais faire un quanter de 15 kms à l'avant. Les premiers à me rattrapper sont ce fameux groupe qui s'arrête illico pour pisser, tous ensemble, d'un même geste. Ca non, c'est fini, je décide tout par moi-même et ça commence par la fréquence des arrêts que je, que l'on commence à bien maitriser avec mon coach préféré, mon lilou d'amour, accompagnée cette fois-ci par sa fille de presque 10 ans, Margaux. Je les rejoins au bout de 80 kms, elles m'attendent à la maison à Gesvres. Entre-temps, un grand nombre de cyclos me sont passés devant, grâce à une coupe dans le circuit que j'ai préféré éviter pour avoir l'ensemble des bornes au compteur. Et la pluie s'est mise à tomber, comme la nuit... Loupiotes allumées, je file vers Avranches. J'aperçois des lumières rouges à l'avant, d'autres blanches en arrière qui se rapprochent puis s'éloignent. Tout seul, avec un vent debout et la flotte en travers, je me sens solide, je gère sauf que je vois de moins en moins bien. Les bagnoles m'éblouissent, j'ai l'impression que les piles de ma frontale, que j'ai oublié de changer, faiblissent dangeureusement. A sept-Forges, lieu d'arrêt, je suis trempé et je n'y vois que pouic. Du coup, j'ai le mental qui dégringole et je dis à mes accompagnatrices que je vais en rester là, au bout de 120 bornes. Et vlà t'y pas que Lilou m'envoie un NON de derrière les fagots, "tu continues !" Juste ça...Et j'obéis, moi et mon sale caractère, on la met en sourdine. Après m'être restauré avec des aliments salés, je remonte sur ma machine, claquant des dents et tout tremblant, inquiétant Margaux. Durant 10 bornes, je chemine de guingois, flageolant, frissonnant puis tout se remet en place, comme par magie : j'y vois de nouveau mieux, j'ai moins froid. A 5 heures du mat, je vire à Avranches, ville fortifiée et montante, durablement. Le temps s'est remis au sec, j'ai vingt minutes de retard sur mon tableau de marche, ce qui est satisfaisant après plus de dix heures de trajet. La nuit est finie, je m'en retourne vers Changé, hissant la grand'voile, Eole après m'avoir sérieusement contrarié, me pousse charitablement. Vers dix heures, la nuit blanche commence à faire son effet, l'engourdissement me gagne et je pique des pois sur ma bicyclette... Et c'est dans cette sorte de léthargie, ce halot de brume que je vais boucler ce BRM, sans ressort et en panne d'énergie, respectant mon tableau de marche mais pas plus, finissant avec 25 mn de retard en un peu plus de 18 heures de vélo, soit 22,20 km/h de moyenne et 21h40mn avec les arrêts (fin à 16h10). Grâce à mes deux coachs, j'ai gagné énormément de temps puisque tout était prêt à chaque fois que j'arrivais, bouffe et ravitaillement liquide et solide... Merci à vous donc et à votre bonne humeur réconfortante, ces brevets se déroulant sur le fil, chaque détail positif les fait pencher du bon côté.
Je pense que mon manque de gnac est dû à cette grosse charge de travail de mai, qui va donner ses fruits plus tard. De plus, ce retour dans le dur est positif dans le sens où l'euphorie est mauvaise conseillère sur PBP, l'harassement guettant plus loin. Ainsi modération, gestion sont les maitre-mots de ce BRM.
Après 12 heures de sommeil traversés sans le moindre rêve, je suis surpris par cette énergie retrouvée si vite, sans déshydratation, sans courbatures, sans état de fatigue latent. Bref, ce lendemain est plus concluant que l'exercice lui-même et me rend fier de ce que j'ai pu accomplir durant ce mois, validé sinon plus, bien entendu. Toujours sur la bonne voie, le Déric...












Thanks to honey Lilou and Margaux



Le BRM vu par Lilou :

http://muriellelilou.canalblog.com/archives/2010/06/04/18119210.html









Juin 2010
BRM 600 kms (Rouen)



Caramba, la cata fût proche !!



Trois semaines après mon 400, je m'attaque donc à un BRM de 600 kms organisé par un club de Rouen. Dans un coin de ma tête reste le souvenir cuisant du 600 de 2007, cette douleur lancinante au mollet droit, le manque de sommeil et l'endormissement, les derniers 50 kms en forme de calvaire, tout en travers et au ralenti dans les côtes du final, complètement vidé par l'allure (28 km/h), déstabilisé par la longueur des arrêts sur la fin où je tournais en rond, pressé de repartir... Bref, je ne suis pas serein, je sais que cette distance est un premier vrai mur, c'est long, c'est dur et rempli d'aspérités saillantes et sournoises, adversaires néfastes au fragile équilibre que j'essaie de mettre en place depuis le début de l'année. Ainsi, je chemine sur un fil d'acier tendu, représentation de ma volonté de refuser l'accompagnement de congénères cyclotouristes et d'affronter les éléments seul. Ce BRM est donc l'occasion de tester ma résistance sur la moitié de PBP, sans finir épuisé, ce que je considère comme le véritable but à atteindre, plus que le fait de franchir la ligne d'arrivée puisque sur PBP, après 600 kms et Brest, il faudra bien continuer de pédaler pour revenir à St Quentin en Yvelines... C'est aussi une chance de pouvoir répéter en conditions réelles un arrêt de plusieurs heures, destiné à éviter les dangers de la nuit et à prendre un repos salvateur...



Le départ est prévu à 6h30, ce qui fait que nous prenons la route avec Lilou à 3h du mat, non sans recevoir les premières gouttes sur le pare-brise au bout de quelques kilomètres, ce qui a le don de me mettre en rogne (voir le résumé de mon coach ci-après...). Quand nous arrivons sur le lieu de départ, c'est le désert. Le local d'accueil est fermé et aucune trace de gilet jaune fluo à l'horizon, signe tangible de la présence de cyclos. Il s'est arrêté de pleuvoir, je prépare mon fidèle destrier avec ses roues de mauvais temps. Mon humeur est du même acabit, dans le doute sur la tenue de la rando. Puis tout s'éclaire, un dirigeant se pointe, ouvre le local et des cyclistes arrivent, oh une quinzaine à tout casser... Je pars seul dans les rues de Rouen suivant la flèche de mon GPS. Au bout de 3 feux tricolores, j'arrête de les respecter et je les grille allègrement, courant déjà après le temps !

De fait, ce style de randonnée au long cours est un combat contre les délais imposés par les organisateurs. Lorsqu'on les regarde de loin, ils ont une mine sympathique et avenante, eu égard à la large marge qu'ils offrent : 600 kms , ce sont 40 heures accordées (sur une base de 15 km/h). 600 kms à 22,5 km/h (c'est le rythme auquel j'ai décidé de rouler sur PBP) correspondent à 27 heures. Le secret de la réussite d'un tel brevet réside dans la bonne gestion des 13 heures qu'il reste, soustraction faite. La difficulté se niche dans l'optimisation : il faut les dépenser utilement et efficacement, comme une manne de récupération. Mais aussi sobrement en gardant une sécurité de 3 heures sur l'horaire de fermeture du brevet (fin des 40 heures). PBP est donc une prévision à double niveau, de temps de roulage et de temps de non-roulage. De leur harmonisation naîtra le succès...
Durant la première journée, je n'ai fait que gagner du temps avec un vent de dos plus qu'aidant (ce qui donne une moyenne de 24,90 km/h), temps gagné dépensé à bon escient je pense, allongeant les séances de repos quand le besoin s'en faisait sentir. 348 kms finis à 23h40, soit avec 10 mn de retard sur mes prévisions, devant l'hôtel "Première Classe" de Reims. Où règne un bordel sans nom. Nous allons passer six heures dans des bruits de chasse d'eau, de mecs qui gerbent sous nos fenêtres..., bref loin d'une tranquillité salvatrice. A 4h30, je me lève, en vrac. A 5h30, je pars, en vrac, sans aucune sensation, jambes de plomb. A 7h30, je suis en détresse sur le bord de la route, coincé au milieu d'une côte, vidé et sans forces. Incapable de m'alimenter normalement depuis deux heures, je n'avance à rien... Alors, je fais des pauses de 5mn dès que mes jambes ne répondent plus. Lilou me soutient au téléphone, je repars, mieux puis de nouveau, mon état se dégrade alors je stoppe... Et ainsi de suite ! Je parcours 80 kms en 5 heures alors que 4 étaient prévues. J'ai bouffé 50% de ma marge de sécurité sur le contrôle de la matinée... Je cherche les causes de cet état d'épuisement : est-ce ma vitesse excessive de la veille ? Pourtant, je n'ai pas eu le sentiment de puiser trop allègrement dans mes réserves. Est-ce ce doliprane pris au réveil à cause de ce mal de tête ? Reste que j'ai cru abandonner, sans énergie, sans ressort. Au fil de la journée, la santé m'est revenue : j'ai d'abord eu très faim, j'ai pu boire de nouveau, reprendre une cadence de pédalage correcte et une allure décente, finissant la journée à la vitesse de la veille. Non sans quelques 2 heures 15 de retard sur mes prévisions...
Au bilan, que retirer de ce BRM : Je sais désormais comment gérer une telle crise de jambes, sans paniquer et en patientant, le temps qu'elle passe. Les petites pauses sont un bon remède, mais très coûteuses en temps... Ne pas hésiter non plus à prendre, dès que possible, une vitesse un cran au dessus des sacro-saints 22,5 km/h, sachant qu'il faut la gérer de façon à ne pas grever mon potentiel pour la suite... Apparement, les débuts des lendemains me sont difficiles, à vérifier sur le 1000 d'Août. A noter, une douleur prégnante au niveau du tendon d'achille gauche durant les 100 derniers kilomètres...Lilou devient un coach de première, indispensable dans ma recherche du temps !Quant à la validation de ma prépa, le fait que j'ai pu récupérer d'une telle crise plus un lendemain sans déshydratation ni fatigue excessive, je ne peux la considérer que comme acquise. Nickel !



Thanks to honey Lilou.



Le BRM vu par Lilou
http://muriellelilou.canalblog.com/archives/2010/06/21/18380199.html


Petites vidéos prises sur le fait, en cours de route ...












Août 2010

BRM 1000 kms (les 3 Mortagne)


"I'm finisher 1000...."

"Qui est-ce qui m'offre ma dernière cigarette, celle du condamné... ??"



Condamné aux travaux forcés, 1000 kilomètres à avaler, des heures et des heures de selle, à prévenir et gérer les douleurs, s'enfoncer dans la nuit, manger, dormir puis rester éveillé, subir les intempéries, traverser des régions, allumer ses loupiotes, faire tamponner sa carte de route. S'étonner de ce que le corps veuille encore bien, après tout ça... Mieux qu'il en redemande, comme une addiction à l'affrontement en dehors de toute conscience, une véritable bonne surprise !

Oh oui, quelle surprise que de constater, habitué que je suis aux lendemains de piètre allure, de jambes de plomb (le 600 ayant confirmé cet état de fait), pestant contre mon physique de rachitique, que de constater, dis-je, le samedi 28 vers 23h, après quelques 814 kilomètres, une sorte d'avidité à être demain, à enquiller les bornes comme on enfile les perles. Et je me souviens de ce départ, 7 heures plus tard, ce bois traversé de nuit, un tunnel végétal qui livrait à sa fin les lumières du village de Juigné les Moutiers, l'euphorie me gagnant, chantonnant et saluant d'un sourire le chant des petits piafs, sans douleur précise et les jambes serrées repartant dans un tchak tachk de bon aloi. Quelle belle journée ce fût ce dimanche 29, rejoignant l'Orne au travers de la Mayenne avec ce vent posté sur ma gauche, qui allait me pousser à partir de Domfront jusqu'à Mortagne au Perche où je fus accueilli sous les applaudissements étonnants des organisateurs, de Lilou et de La Mé, accompagnatrices sans faille, d'Anne-So et Yannick et leur panneau-photo de félicitations et d'incitations au PBP 2011, de mon président et de Thérèse venus m'encourager depuis Carrouges. Le postérieur pelé et le pubis brûlé par les 49 heures et 30 minutes de selle sur les 1020 kilomètres du BRM, je descendis de mon vélo avec la satisfaction du devoir accompli : j'étais arrivé au bout du truc sans être détruit...

Pourtant, il y avait de quoi ! Et surtout cette traversée du Poitou-charente sans concession de 250 bornes avec un ventilo branché sur force 4 en pleine tronche, toute la journée du vendredi 27. J'essayais d'avancer, tant bien que mal, contre cette force, autour des 20 kmh en cherchant à ne pas trop puiser dans mes réserves dans ces longues lignes droites desespérantes, bien aérées. Le moindre faux-plat se négociait debout, arqué. Vers 15 heures, j'ai commencé à péter un plomb, lassé de me faire rentrer dedans par ces rafales, transpercé par les grains qui tombent en rang serrés et à un rythme régulier. J'ai la gueule de travers, inquiété par une douleur sourde et profonde dans la cuisse droite, que j'interprète comme un signe de débauche d'énergie. Alors, comédie bien connue de moi-même, je dis à mes parents qui me suivent depuis la veille au soir que j'arrête là, à Ruffec. J'ai posé mon vélo, je tourne en rond et je braille. Contre tout, contre moi, je me vide... A croire que j'ai besoin de verbaliser ainsi, de vomir ce que je suis en train d'accomplir, d'aller vers le fond pour mettre ce coup de talon salvateur qui permet de repartir. Dans ces moments-là, l'importance de l'entourage est crucial... Parce que je m'adresse à eux, je cherche une réponse... A chacun ou chacune sa façon de me la donner. Le Pé ne dit rien, il s'éloigne un peu. La Mé acquièce, abonde dans mon sens, me propose de foutre le vélo dans la bagnole et d'avancer plus loin. Lilou, qui arrive dans la mêlée, au bon moment, me contrecarre et m'enjoins, par petites touches malignes, à retrouver le sens de ce que je cherche là-dedans. Et je finis par reprendre ma bécane, petitement, pas convaincu, me reposant sur mes repères : aller, au moins, jusqu'à la prochaine étape, 40 kms plus loin, se laisser le temps d'aller mieux, de reconnaitre un bas, qui précède un haut, forcément. Pour m'encourager, ma p'tite Moman m'a glissé : " Avec le soir, le vent va tomber...". Cette saleté va finir par sombrer, oh pas bien vite, il va continuer de me secouer dans tous les sens jusqu'à 21h. Entre-temps, j'ai repris ma tactique du 600, quand ça va plus, je m'arrête à mi-parcours de mon étape, pissant et m'étirant, allant même jusqu'à m'asseoir le long d'un mur et m'endormir 5 minutes, la tête entre les mains, pour éponger ce sommeil qui commence à me tarauder sérieusement. J'ai la chance d'avoir cette capacité physique de repartir presqu'à neuf après une pause, sans sensation d'être collé bien connue ("j'ai les pattes coupées"...) mais plutôt d'être décollé, d'être désengorgé des toxines de fatigue. Alors je profite de cet atout, tombé du ciel car je ne sais d'où il me vient... Et je finis par arriver, à allure décente, à Mortagne sur Gironde où l'on est attendu sur un terrain de camping par des dirigeants de Mortagne au perche. Après avoir tourné quelque peu pour trouver l'entrée, je me dirige vers une lumière, il est 22h30, où des gens sont attablés. Ils m'applaudissent en sourdine, une sorte de stand est monté, je m'asseois et devise tranquillement avec l'un des mes hôtes, M. Pavisi. Au fur et à mesure de la conversation, je devine que je suis l'un des premiers à virer de bord. Seul un groupe de 6 bonshommes sont arrivés avant moi, oh à peine une heure et ils sont tous en train de dormir, un peu n'importe où, là, à côté et ce groupe, c'est celui de Daniel...

C'est Lilou qui me donne ma dernière clope, j'ai avalé mon frichtis de pâtes et de knackis au bout de la table de chez Anne-So et Yannick qui ont bien voulu nous recevoir pour que je puisse manger à mon aise plutôt qu'au cul de la bagnole. Ils ont même préparé un apéro dinatoire pour mes accompagnateurs, Le Pé et La Mé, et pour Lilou et ses filles Margaux et Clara venues en supportrices. Je suis déjà "dans ma course", fumant un peu à l'écart, un peu anxieux devant la proximité du départ de ce BRM de 1000 kms, reliant les trois Mortagne, au Perche, sur Gironde et sur Sèvre. Ce Jeudi 26 août, la météo fait la gueule et nous crache dessus par averses interposées. Je vais me saper dans la voiture, histoire de commencer à la mettre à mon goût pour que le siège arrière soit le plus fonctionnel possible. Faut dire qu'il y a un tas de bordel qui me suit, pas moins de 5 sacs, une paire de roues de rechange, ma caisse à outils, de la bouffe, une quinzaine de bidons (sic), une glacière... La C5 du Pé n'offrira plus de supplément de place. Une fois loqué en habit de lumières cyclotouristes (le départ a lieu à 20h, il fera nuit 1h30 plus tard), je m'en vais vers l'arène de lancement pour y récupérer le parcours, une plaque pour mon vélo et ma carte de route. Le Président est déjà là, il m'annonce que nous sommes une quinzaine à nous mesurer à ce brevet. Je retrouve Daniel et son groupe, qui est un peu moins fourni que je ne pensais et constitué en majeure partie de nouvelles têtes, dont Julien que je n'ai pas vu depuis une quinzaine d'année. La conversation est plutôt plate, ce n'est guère le moment d'être urbain... Un discours officiel est prononcé puis les fauves sont lâchés... Dans le bourg de Mortagne, la chaussée est luisante, je fais gaffe à ne pas m'étaler et je cherche à évaluer au plus juste mes sensations. Ca tourne nickel, je trouve vite fait mes marques et je lâche les watts direct. En effet, j'ai dans la tête un départ rapide, histoire de commencer positivement ma lutte contre le temps ! Attention, il n'est pas question ici de débauche d'énergie mais bien de partir sur un rythme supérieur aux sacro-saints 22,5 km/h, de passer la plaque et d'enrouler dès que cela est possible. Le début de parcours est favorable, je roule sans me retourner, seul. D'autres sont partis plus rapidement, d'autres moins (dont le groupe de Daniel), je n'en ai cure, je ne m'occupe de personne. J'ai une préoccupation, celle d'avancer le plus rapidement possible sans puiser dans mes réserves. J'enfile ainsi des minutes d'avance sur mon plan de route, jusqu'à 25 au 130ème kilomètre... Cette façon de faire est à garder car passé le cap des 200 bornes, tout le monde est cramoisi et l'on passe dans la gestion des longues distances, recroquevillé, livrant au compte-goutte l'énergie devenue précieuse denrée. Que l'on soit parti vite ou non ne change rien à l'affaire...

130ème kilomètre, je m'arrête croûter un brin. Depuis le 600, j'ai définitivement laissé tomber les produits énergétiques, qui me courrent trop sur le haricot (le matin difficile du 600, j'ai comme l'intuition que le gâteau-sport ingurgité à 5 heures du mat n'est pas si innocent que cela dans mes troubles digestifs) et qui sont d'une nature trop peu substantielle à mon goût. Alors je me suis tourné vers une nourriture plus rustique, aux vertus roboratives, du"fuel" quoi ! Ainsi ici, après 5 heures de pédalage (1h du mat), c'est douiche au jambon, chips et eau pétillante, Badoit pour ne pas la nommer. Je vois le groupe Daniel passer, qui m'a rejoint une première fois et que j'ai distancé ensuite puis on assiste bouche bée avec mes parents à une scène cocasse. Un cyclo s'arrête près de nous, va uriner plus loin puis nous dit trois mots sur sa condition d'autonomie, son vélo lourd, son barda... Ouais ok, j'ai déjà entendu leur sérénade aux "autonomes", se rengorgeant de leur supplément de difficulté pour nous renvoyer, nous "les assistés", à nos chères études de randonnées. En attendant, l'Autonome, il reluque sacrément nos bouteilles d'eau dans le casier posé à terre. Il baragouine dans son coin puis d'un coup fonce vers la flotte, se sert en indiquant qu'il le fait, siffle une grosse quantité de liquide, repose le tout et se casse sans réclamer son dû. Ah bon, c'est comme ça la noblesse de l'autonomie, ce côté pique-assiette... Le monde cyclotouriste, que l'on m'avait vanté comme celui de l'altruisme, au vu de mes expériences de brevets de randonneurs mondiaux et de Paris Brest Paris 2007, m'apparait plutôt comme une bonne jungle où l'on manie l'ostracisme et l'individualisme assez couramment. Côté assistance, mes remp's assurent sur cette première partie de nuit bien positive ma foi, bien ouatée. Mais ça, c'était avant qu'un délitement n'intervienne...

En repartant de ce fameux 130è kilomètre, j'ai des problèmes de navigation avec mon GPS, les directions sont peu claires, je traficote dans la ville avant d'aborder une zône pavillonaire où il me fait prendre un chemin herbeux. Pensant que ça ne durerait que l'espace d'un instant, j'enquille... Me vlà avec mon zèbre en mode cyclo-cross ! Hélas, le transitoire devient permanent, je n'arrive pas à sortir de l'enfilement de ces sentes. Je commence à gueuler contre moi-même, qui ait tracé sur google earth ce merdier. Je finis par atterrir dans la cour d'une ferme, heureusement sans le clebs réglementaire. Bon, ben mon gars, retour en arrière jusqu'au dernier carrefour en dur croisé, et à droite, puis à gauche pour retrouver la direction générale, ce sera mieux que ce cirque ! 5, 6 kilomètres sur l'herbe, les arrêts, les bornes en sus, j'ai perdu 20 minutes dans l'affaire, soit près de l'ensemble de mon bénéfice des cinq heures précédentes... Merde. Je reprends ma valse, le tachk takch, bidon à la bouche régulièrement pour une gorgée. Je rattrape un gus qui me salue (tiens c'est la première fois !) et qui prend mon rythme. La vache, son éclairage braise autant que celui d'une bagnole, j'y vois enfin BIEN. Après une demi-heure, il remonte à ma hauteur, sourit et j'engage la conversation :"Eh, dis donc, ton phare avant, c'est comme..." Il m'interrompt : "Sorry, I'm english !" "Ah..." Je regroupe vite fait mon pauvre anglais et je lance : "Your light, it's like a car". ça a le don de le faire rire. Après un temps, il me demande : "Your bike, it's a carbon bike ?" "Yes" que je réponds. "Very nice!", ajoute t-il. Whouah, j'suis trop fier, c'est qu'il claque mon Kuota Kebel "Zèbre". Je lui balance un "thank you" américanisé de derrière les fagots. Avec Matt, puisqu'il s'agit de Matt Taping, nous n'allons plus finir de nous croiser tout au long des trois jours suivants, au gré de nos arrêts et de notre propre rythme. Des rencontres comme cela, même si ce n'est pas grand chose, juste des signes de connivence échangés, j'en redemande. Malheureusement,il n'en fût rien... Intimement, je suis persuadé que le microcosme des cyclos est gangréné par l'individualisme de notre société, dont un bel exemple nous est donné au sommet de l'Etat. Et s'il faut trouver la fraternité en cotoyant plutôt nos collègues "étrangers", ben moi, je dis tant mieux ! Et puis tiens, je vais vous donner une bonne preuve de cette sclérose. Les cyclos ont un signe d'appartenance, ce fameux gilet jaune fluo. Ils le portent toute la journée et se reconnaissent ainsi entre eux. Moi-même, je l'enfile, pour me protéger la nuit mais seulement pour cela. Je le dégage dès que je le peux, même si il est bien ajusté à ma taille. Pour ce qui concerne ceux des autres participants, ces machins-là sont souvent trop grands, de traviole, claquant au vent. Mais ça a l'air d'être le cadet de leurs soucis d'avoir l'air glandu à ces gars-là. Pour moi, c'est hors de question... Déjà que le vélo est un sport ringard aux yeux des gens, mieux vaut contrebalancer en y mettant un zeste de classe. Et puis psychologiquement, je n'arriverais pas à pédaler en étant mal attifé. Alors je porte des tenues seyantes, souvent répliques des tenues professionnelles, coordonnées. Mais les mecs, pour eux ce n'est pas possible que je fasse partie de leur caste en paradant de la sorte : un cyclo, c'est jaune fluo !! Il y a même des gus dont j'ai sauvé la mise grâce à mon GPS en les remettant sur le bon chemin, eh bien deux heures après, lorsque je les retrouve cherchant encore, ils me demandent si je suis du coin ! C'est vrai que je change souvent d'apparence, toutes les 6 heures environ, un brin de toilette, enlever cette sueur, un nouveau cuissard, de la pommade anti-frottement, autant mettre toutes les chances de mon côté pour éviter les trous sanguinolents dans le postérieur. Enfin, bon, bref ça me gêne beaucoup l'importance donnée à l'appartenance, je préfère la différence. Le Matt, lui, m'a toujours reconnu... Et puis, quand même, les gars, relisez l'article de loi sur l'obligation de porter le fluo en vélo : "...en cas de nuit, en cas de brouillard..." Pas la peine de faire du zèle, de verser dans le tout sécuritaire, hein ! Tiens, vlà qu'il flotte maintenant. 3 heures du mat, et le ciel nous tombe sur la tête. Une nuit devenu d'encre, porteuse de rafales. Et tout se grippe... Mes parents sont fatigués, j'ai du mal à les trouver à chaque arrêt, endormis ou peu en vue. Je déboule à Loches trempé comme une soupe pour le premier contrôle qui doit se faire à l'aide d'une carte postale. Malin, j'ai repéré l'adresse de la Poste sur google earth et j'ai fait passer mon tracé juste devant. Je suis donc les indications de mon GPS dans le dédale de petites rues. J'ai beau équarquiller les yeux, point de Poste, ni de boite jaune d'ailleurs. Je vais chercher pendant 45 minutes, sous la pluie parfois battante. Je ne trouve rien ! Merde de merde... Heureusement qu'une dame, allant au boulot à pied, finira, sur ma demande, par m'indiquer le bureau postal, coincé dans une ruelle. Dans ce bordel, j'ai perdu une bonne heure puisque la sortie de Loches sera tout aussi épique, son labyrinthe de rues rendant la direction générale du GPS plus que floue. Au moins, sur Paris Brest, point de pointage de cet accabit... La nuit se finira ainsi, plus sèche, plus sereine mais aussi plus ventée. ça souffle du sud-ouest, pile-poil dans la poire, dans l'aurore de ce vendredi 27...

Alors, ainsi, en ce début de nuit, à Mortagne sur Gironde, je suis le premier à virer au bas du circuit. Ah... Toute la journée, à lutter seul contre les éléments un brin furieux, j'ai cru être dans les derniers. Mes parents, puis Lilou me disaient ne plus jamais rattraper de participants lorsqu'ils allaient au point de rendez-vous suivant. J'avoue que cela me pertubait, m'enfonçait dans ma crise, ces minutes lâchées, ce retard accumulé. Et là, M. Pavisi, sans le vouloir, m'annonçait cette bonne nouvelle. C'est tout guilleret que j'effaçais les 27 bornes qui me séparaient de l'hôtel de la gare à Saujon, 485ème kms. A 23h45, j'appellais Lilou déjà sur place pour lui demander de m'ouvrir la porte, soit avec deux heures de débours sur mon plan de route... Rappelez-vous que je partis de Mortagne au Perche avec une lutte contre le temps en tête, prendre de l'avance... Tout cela dans un but : ne pas grever mon capital repos de la 2ème et 3ème nuit, soit respectivement 6 et 8 heures. Oups, voilà qui va à l'encontre de la majeure partie des pratiques, plutôt du style à se contenter de deux tours d'horloge. Je tiens ça de la lecture du blog d'un vétéran de PBP, Zapilon, dont j'ai mis une phrase en exergue au début du mien. Lui conseille de respecter les rythmes de sommeil, donc de dormir quand il fait nuit. Ce qui a un double avantage : un endormissement facile et le contournement des dangers de la nuit. voilà qui me parait fort sensé ! A ce principe, il ajoute fortement : "quelque soit l'heure d'arrivée le soir à l'étape convenue, il faut repartir le lendemain à l'heure prédéfinie..." Ce qui implique, en cas de retard, de bouffer sur le temps de repos. Chose qui m'a beaucoup stressé, eu égard à mes lendemains difficiles. Là, un départ à 3h45 était prévu, ce qui donnait 4 pauvres heures d'arrêt, soit en réalité 2h de sommeil, douche et préparatifs de départ étant hors taxe... J'ai tout ça qui me trotte dans la tronche lorsque je suis Lilou, montant les escaliers vers la chambre, le Zèbre sur le dos. D'autant que je dois rentrer dans mon GPS les étapes du lendemain grâce au WIFI de l'hôtel. Je m'y attelle dès la douche prise. Bordel, rien ne veut marcher. Le WIFI toussote, le logiciel patine. Après 30 minutes d'énervement, je laisse tomber, décidant de me passer de la navigation par satellite et d'en revenir aux bonnes vieilles cartes, et la difficulté de trouver rapidement sa route, faisant une croix, par là-même, sur un gain de temps considérable. Il est déjà une heure 15 du mat. Selon la Zapilon's touch, je dois me lever 1h30 plus tard. Ce qui me semble tout à coup ridicule. Illico, j'invente la Déric's touch, à savoir qu'un départ le matin ne se fait pas avant 6h, histoire de ne bricoler nuitamment qu'une heure, et ce quelle que soit l'heure d'arrivée de la veille. Me voilà donc avec 3h45 de sommeil pour un réveil à 5 heures...

Six o'clock, le lendemain. Je repars tranquille, avec 3h15 dans les carreaux sur le plan de route, dans les rues endormies de Saujon. Lilou est repartie dans les bras de Morphée, mes parents dorment encore... Je vais rester 80 kms en autonomie, soit 3h40mn, leur laissant le temps de récupérer, de déjeuner tranquille et de me rejoindre au point de rendez-vous, avec des croissants, siouplaît ! Il est hors de question de faire subir à mon assistance les déviances que j'inflige à mon physique, ils ne sont pas entrainés pour. J'ai besoin d'eux en forme et réveillés. Je guette de façon presque médicale les signes pourris du 600, jambes de laine et l'impression que les patins frottent sur la jante, envie de gerber, impossibilité de boire. Mais rien, rien de tout ça ne se pointe. Que le tachk takch et le sourire devant ce beau lever de soleil girondin. Les petits bleds sont jolis comme tout, avec de belles baraques rénovées et je me surprends à chanter comme un perdu, vlà que j'suis heureux tout simplement. Et c'est parti pour une journée d'enfilage, un retour dans le Poitou ensoleillé cette fois-ci mais toujours avec un vent de face. Eh ouais, le cauchemar, le bestiau a viré en même temps que nous, en abondonnant au passage 75 % de sa force quand même. Il est donc là, pleine poire de nouveau, gênant mais point affligeant comme la veille. Lilou et la Mé sont à l'heure au rendez-vous (mon père est rentré à la maison, faire du vélo !!), moi aussi... Elles ont même repéré la sortie du village de Courçon pour m'éviter de chercher ma direction. Terrible, les filles... Elles sont d'humeur enjouée, Maman pro du bidon anticollage et Lilou maitresse du douiche. Journée parfaite vraiment, à part leur idée saugrenue de me faire grimper en haut du village perché de La châtaigneraie, 10% au bas mot pendant un bon kilomètre, pour le déjeuner du midi. Là, j'ai un peu gueulé, oh juste un peu ! Traversée de la Vendée, le pays du Vicomte des chouans. Je concède un à-priori négatif sur cette contrée mais tout de même, est-ce ma faute si au passage de la limite de département, tout devient moche : le paysage, les villages, les maisons... Bon, rien à se raccrocher pour oublier le pédalage automatique, l'après-midi a un goût de fer. D'autant que le Vicomte des Chouans, puisatier du fou bien connu, n'a rien trouvé de mieux, à vingt kilomètres à la ronde "du puit ", que de transformer les départementales en voies rapides. C'est rempli de bagnoles passant à fond de cale sur des routes transformées en toboggan, descendant rapidement pour remonter abruptement. C'est détestable au possible, 40 bornes d'enfer... A 16h30, je rejoins le deuxième point de passage de prestige du brevet, Mortagne sur Sèvre, km 711, avec 4 heures de débours sur le plan de route, soit 3/4h de perdu en 230 kilomètres. Nickel, la fatigue est là, je souris moins mais je sens que je tiens le bon bout. Daniel et sa troupe sont passés vers 14 heures, ils sont 6. Vu le delai qui nous sépare, ils n'ont pas du feignasser longtemps sous la toile de tente à Mortagne sur Gironde. Leur rythme a l'air similaire au mien, j'ai appris par mon Président que Julien a mal aux deux genoux depuis le début de la journée... Deux gars, du club de Mortagne au perche, arrivent un quart d'heure après moi, furieux d'avoir eu du mal à trouver leur route. Un ne dit pas bonjour... Avec eux aussi, on n'arrête pas de se croiser. Seuls leurs accompagnateurs huchés dans un camping-car des années 80 me font des signes de sympathie. Je repars, saluant Matt qui vient d'accoster en pays de Sèvre, avec en tête le schéma de la soirée : dîner dans cinquante kilomètres puis dodo 60 bornes plus loin dans une chambre d'hôtes,où je serai précédé par Lilou et ma Madre. Le casse-croûte est le bienvenu, ça tiraille dur, j'ai du faire une pause micro-sieste de 2 mn sur le côté d'un rond-point. Une nouvelle fois, le soutien de mes accompagnatrices me remet le moral dans le bleu. Je revêts mes habits de lumière et je m'en vais assister par monts et par vaux à un coucher de soleil magnifique... Je rattrape les deux gars de Mortagne, arrêtés sur le côté. S'en suit un manège un peu nul, Messieurs... Ils se mettent éhontément dans ma ma roue et n'en bougent plus. Je m'en fous un peu... Celui qui ne dit pas bonjour piaffe derrière, il me passe devant par moment et j'ai pu déceler qu'il est coaché par celui qui parle un peu, qui lui a fait signe de rester derrière. Lorsque je me gourre de direction dans un rond-point, ils prennent la bonne sans piper mot et me larguent sans coup férir. Grand bien vous fasse, mauvaise compagnie... Je dois téléphoner à Lilou pour qu'elle m'indique le chemin à suivre jusqu'à la chambre d'hôte depuis le village précédent, Juigné les Moutiers. Appel dans le vide, je suis sûr qu'il n'y a pas de réseau là-bas. Pendant que je bigophone, arrêté sur une place éclairée, j'entends des gens, qui fêtent quelque chose dans la salle communale attenante, se dire :"il doit s'être perdu..." Non, gentes gens, j'essaye d'aller dormir ! J'enfourche mon fidèle destrier et repart en faisant de la poussière... Mon esprit échafaude des scénarii-catastrophe pendant quelques kilomètres puis Lilou me joint. C'est le merdier pour trouver la chambre d'hôte, effectivement SFR n'y passe pas. Comme je n'en suis plus très loin, elle convient de m'attendre dans la voiture à Juigné les Moutiers et me convoiera jusqu'à la chambrine. Holà, point de tricherie là-dedans, c'est en dehors du circuit et puis demain matin je rejoindrai la bonne route en vélo, soit 3 bornes de plus... Il est 22h45 lorsque je rejoins mon amour. Km 814, j'ai toujours mes 4 heures de retard sur le plan de route mais pas plus... C'est donc que ça roule bien. Mieux, j'ai hâte d'être au lendemain, dernier jour...

A l'heure du bilan, que dois-je constater :
1-J'ai, sur ces épreuves de longue haleine, des facultés de récupération insoupçonnées, moi qui pensais le contraire. A ma décharge, mon expérience de coursier est jalonnée de sales lendemains et jusqu'à ce brevet, je n'avais pu que constater cet état de fait. Et là NON ! Le fait est que le dernier jour, j'ai gratté 5 mn sur mon plan de route. C'est dire qu'en conditions atmosphériques à peu-près normales, je suis capable de tenir le rythme de 22,5 km/h, seul, sans le moindre relais. Et cette récupération me fait finir dans un état physique largement convenable. Tous les témoins de mon arrivée m'ont assuré que c'est moi qui ait fini le moins marqué. J'ai largement rempli mon objectif principal, arriver sans être rompu physiquement. Me reste en mémoire cette rencontre avec un cyclo, le matin du dimanche, qui ne pouvait plus lever la tête, les cervicales complètement bloquées. Il m'a marqué, me racontant sa courte nuit dans sa couverture de survie. J'ai choisi la douche et le repos dans un lit, un luxe qui m'a apporté de l'énergie. Merci donc à mes parents qui m'ont largement soutenu financièrement dans cet objectif ! Devant le récit de mon Président qui racontait l'état délabré du groupe de Daniel qu'il suivit sur les 60 derniers kilomètres, les casques de traviole, les mecs en travers, Julien que l'on aida à descendre de son vélo, ma mère dit : "Ben oui, mais nous, on a choisi l'hôtel..." Ben oui, M'man... Ce n'est pas de la chance, ce sont des choix...

2-Si je compte bien, en tout et pour tout, sur 3 nuits, j'ai dormi 9 heures (+ la TVA, ce qui donne 13 heures d'arrêt, nuitamment). J'ai mis 69h30 pour boucler ces 1000 bornes, dont 49h30 de vélo. Ce qui donne donc 20h d'arrêt, dont les 13 pour les nuits. Sur ces 1000 kilomètres, j'ai perdu, sur mon plan de route, 2h le premier et deuxième jour et 3/4h le troisème et j'ai gagné 5 mn le quatrième. Sachant que la majeure partie des 2 heures sont le résultat d'une lutte déloyale contre le vent, plus la recherche désespérée de la poste de Loches (1 heure, non comptabilisée dans les arrêts), j'estime raisonnable de penser que j'aurais pu raccourcir mon temps de vélo de 1h30mn.

3-J'ai règlé, une fois pour toute, le problème de la bouffe sur ce genre de randonnée. Il faut faire dans le simple, bannir les produits spécifiques (sauf quelques bidons de malto, d'hydrixir et de 640 d'Overstim's à des moments stratégiques) pour du bien costaud, le pâté, les rillettes, le jambon, la baguette avalée. Savoir que des croissants, des pains au chocolat m'attendent, par exemple, sur les arrêts des matinées, c'est un enchantement qui aide à pédaler...

4-L'assistance, merci, je ne peux dire que merci. Cette humeur enjouée, à m'attendre... C'est du moral en barre dorée. Merci aussi à Jacques, mon Président et à Thérèse de m'avoir accompagné sur la fin, c'est cool d'avoir de la visite, et à leur souci de toujours se tenir au courant de l'évolution de ma marche en avant. Merci à Anne-So et Yannick pour leur soutien indéfectible, au départ, pendant et à l'arrivée. Merci aussi à tous ceux qui m'ont envoyé des SMS réconfortants, Mon frangin et D., Delphine et Fabrice... Seul, c'est sûr, j'aurai envoyé dinguer mon Zèbre dans le fossé... Et un salut amical aux organisateurs pour leur dévouement et leur gentillesse.

Spéciale dédicace à Margaux et Clara qui m'ont menacé de m'engueuler si j'abandonnais, vu qu'à cause de moi et de mon vélo pourri, elles étaient obligées d'aller au centre de loisirs et de bouffer à la cantoche. Merci d'avoir été là aussi, les filles...

A Lilou....

Séquence vidéo :

Ben oui, ça tourne !


Un bisou à la volée pour Lilou


"Allez, allez, allez !", vlà maman qui reprend ses réflexes de courses !



Enfin, oui, le vent dans le dos (fin de la montée juste après la Ferté Macé)


Le brm vu par Lilou (qui est beaucoup plus rapide que moi dans ses compte-rendus)http://muriellelilou.canalblog.com/archives/2010/09/06/18999196.html

13 commentaires:

  1. Ca va aller... Fonce et te pose pas de questions. A mon retour, je t'accompagnerai a velo car je vais m'y mettre pour le tri.
    Et le fractionne? C'est d'enfer pour ameliorer les perfs mais l'effort que tu vas fournir, est different de ceux que je connais...
    Enjoy.
    Fabrice

    RépondreSupprimer
  2. Merci l'américain pour tes encouragements. Ouais, je connais le fractionné, je l'ai pratiqué quand je faisais de la compèt de vélo il ya dix ans. Aujourd'hui, je remplace ça par mes séances "cardio", je trouve ça plus ludique pour ma vieille tête.A mon grand âge, faut que je m'amuse pour trouver du sens sinon je démissionne vite fait...
    Thanks a lot Fabrice

    RépondreSupprimer
  3. allez frangin !!!! on pense à jack et on avance, y'a pas d'autres solutions !!!!! ça me donne envie de revenir dans la forêt, j'ai trop longtemps privilégié le bitume !!!!
    bises et bon vol !!!

    RépondreSupprimer
  4. Félicitations M. Avard !
    Très bien, très très bien...
    Je t'aime et j'suis bien fière moi !

    RépondreSupprimer
  5. Salutations mon beauf adoré!! Ben, moi, je pense que j'en ferais pas autant. J'en chie déjà sur mon vélo d'appartement alors.....J'ai un truc en revanche si tu as mal aux fesses!! C'est génial! C'est une selle gel, je l'ai ajoutée sur ma selle de vélo d'appart, c'est très confort.C'est un détail mais bon.. Je crois que c'est moi la mamie en fait!! lol
    Et bien nous, on est fier de toi dans le Perche!! Allez le pays de Pail!!!!!

    RépondreSupprimer
  6. Alors tu pédales aussi Anne-So ? Merci pour le com' en tout cas

    RépondreSupprimer
  7. You're welcome... c'est vrai que pour une 1ère, j'me suis pas trop mal débrouillée... reste à mieux gérer mes moments de fatigue (j'pédale pas moi, mais c'est quand même fatiguant et j'ai piqué du nez au volant quelques secondes, j'ai eu la trouille !). Je sais pas dormir toute seule dans la nuit noire, j'suis un peu trouillarde, c'est vrai. Et pis j'aime pas doubler les troupeaux de vélos !
    Je suis fière de toi mon ange, c'est vrai que t'es bien parti !
    Je t'aime !!!

    RépondreSupprimer
  8. Et bien faut continuer frangin, ça a l'air bien parti, le mental, y'a que ça !!!!!! bises

    RépondreSupprimer
  9. Merci pour tous ces p'tits compliments... Je t'aime...

    RépondreSupprimer
  10. "Nunca digas
    no puedo más y aquí me quedo..."

    José Agustín Goytisolo

    RépondreSupprimer
  11. Bonsoir,
    Je crois bien que j'étais le doyen de ce BRM 600 au départ de Rouen le 19 juin dernier.
    En lisant ton intéressant récit, je me demande si ce n'est pas toi que j'ai rencontré à St Just en Chaussée et qui m'a aidé à me mettre dans le droit chemin au sortir de cette localité. J'ai tenté de faire un bout de chemin avec toi, mais tu étais trop rapide et j'ai préféré adopter un rythme moins soutenu. Ceci dit, je ne me suis pas arrêté pour dormir et je suis arrivé seul à Rouen le dimanche à 17H30 précise, en première position.
    A bientôt peut être pour le BRM 1000 du mois d'août au départ d'Auffay ou pour le fameux PBP 2011
    Alain Caron

    RépondreSupprimer
  12. Oui, c'est bien moi qui t'ai filé un coup de main, le tout grâce à mon GPS. Bravo, en tout cas pour la performance, sans dormir...

    RépondreSupprimer
  13. J'aime bien ce début... je t'aime !!!

    RépondreSupprimer